Comme vous l'avez peut-être constaté, MajiCad est équipé d'une palette d'outils dite de Calcul en bloc.

Elle sert à piloter de façon interactive le module de calcul PCB2D qui permet, le géoréférencement d'un ensemble de feuilles de plan à partir de quelques points d'appuis et de liaisons de feuille à feuille.
Tour d'abord, une remarque sur ce type de calcul issu de la photogrammétrie:
La méthode de calcul consiste à rendre minimum la somme des carrés des écarts résiduels sur les appuis. Les paramètres ainsi obtenus correspondent à des transformations conformes ou dites de Helmert.
Dans un milieu précis comme la photogrammétrie tout écart sortant des tolérances correspond généralement à une faute. On isole le point faux et tout va bien.

En matière de Lambertisation les écarts résiduels sont plus représentatifs de la qualité locale du plan que de fautes d'observation, c'est à dire à de distorsions issues de fautes de levé, de report ou de calcul, sans compter celles qui sont issues de la reconduction des mailles napoléoniennes.
Alors quelques questions surviennent: améliore-t-on le géoréférencement de la feuille en isolant les forts écarts, ou le dégrade-t-on? Doit-on générer de forts écarts dans une zone parce qu'elle est supposée à priori discordante ou doit-on au contraire conserver les appuis de telles zones pour éviter d'y apporter des compensations aberrantes en cas de traitement local du problème?
Oui, à un moment donné on fini par se demander comment traiter les problèmes de discordances du plan avec le terrain, plutôt que d'essayer de fignoler les paramètres d'une transformation conforme qui, en aucun cas ne pourra correspondre à l'ensemble d'une feuille, surtout s'il s'agit d'une feuille rénovée par voie de mise à jour.
Le remaniement est une solution de luxe qui ne répond pas à l'urgence du problème.

Une autre solution pourrait consister à exploiter les écarts résiduels constatés lors de la Lambertisation. Chaque écart sur les appuis correspond en effet à une correction à apporter au parcellaire voisin pour le faire coïncider avec le terrain. Mais jusqu'où propager les compensations? Chaque angle du parcellaire devrait recevoir une compensation qui est fonction de la distance à un point d'appui et de l'écart résiduel de celui-ci.
Des universitaires ont étudié le problème, et l'un d'entre eux, Patrice Langlois, a écrit une théorie intéressante sur la pondération proportionnelle à l'inverse du carré des distances . C'est cette méthode qu'utilise MajiCad à travers HEDEPAG.

La compensation locale diminue très vite quand on s'éloigne d'un appui, mais elle reste cependant relativement homogène. Or, selon l'origine de l'erreur locale, il peut exister des endroits ou il serait souhaitable de créer une rupture dans la propagation des compensations.
Pour répondre à ces besoins, le système de compensation de MajiCad propose un outil supplémentaire: la "polyligne-faille". Par exemple, si on constate, par superposition à une ortho ou à un semis de points GPS, des phénomènes de cisaillement, (cas des bords de ruisseaux/routes issus de levés distincts), on peut poser une polyligne-faille qui indique au logiciel de n'utiliser que les appuis qui sont d'un même côté de la faille.

Autre difficulté: la méthode de calcul des points de liaisons. Ils sont traditionnellement obtenus par moyenne des déterminations individuelles dans leurs feuilles respectives. Cette façon de faire génère une discordance avec les appuis qui sont directement issus du calcul en bloc. Prenons par exemple le cas extrême ou un point de liaison est superposé à un appui sans être déclaré appui (liaison No 1001 et appui No2). L'appui n'aura pas le même jeu de coordonnées que le point de liaison moyen! Seule la détermination individuelle du point de liaison dans la feuille de l'appui aura le même jeu de coordonnées. Ce problème, insignifiant rappelons le pour le calcul de transformations conformes, prends évidement une assez grande importance si on considère le principe de départ de la compensation gravitaire, à savoir la représentativité des écarts résiduels.
Le module de calcul en bloc a donc été modifié de façon à pouvoir tenir compte, d'une part de la qualité de chaque feuille de l'assemblage, et d'autre part de la proximité des appuis pour pondérer la moyenne des points de liaisons.

C'est tout pour les moteurs de calcul. Voyons maintenant l'interface:
Mise en place du contexte:
Créer un Nouveau fichier et appeler en référence l'ensemble des feuilles à géoréférencer et les feuilles voisines pouvant servir de feuilles d'appuis.
Déclarer les feuilles à géoréférencer comme appartenant au bloc et affectez leur éventuellement un poids dépendant de leur qualité/échelle.
Cochez "Tours de feuilles" et "appuyez sur Mappe et Source", faire une vue d'ensemble et sauver.

Pour un calcul en bloc, il faut déclarer l'appartenance des appuis/liaisons à une feuille du bloc. Le bouton "feuille" permet de pointer un objet quelconque de la feuille de plan pour indiquer que le point suivant va lui appartenir. Cette appartenance fait partie du numéro de point.
Pose des appuis: 1er pointé = position relative à la feuille, 2eme pointé = position absolue du point.

Utilisation des orthophotos:
Les orthos sont un excellent garde fou contre toute faute de transformation des plans. Le but à atteindre est la supperposabilité au terrain, et les orthos sont sensées en être une image fidèle et géoréférencée. Il faudra, bien entendu, se forger une opinion par quelques mesures GPS, mais en général, c'est le cas. Donc, après contrôle, les orthos peuvent fort bien servir de référentiel pour le rétablissement du plan.

Le RETABLISSEMENT ? tiens!, un nouveau concept pour le plan cadastral? Ben oui, si on considère que la volonté initiale est une représentation fidèle au terrain, La mise en conformité avec le terrain dont on parle, ne fait que rétablir le plan dans ce qu'il a toujours représenté aux yeux des usagers. Fermons la parenthèse.

Quand on utilise une ortho comme appui dans MajiCad, on dispose d'une petite fonction, finalement très intéressante: le glissement du plan sur l'ortho.
Un petit glissement par approches successives, permet en effet de superposer une petite zone du plan et de l'ortho. Pour poser un appui, il suffira de cliquer au même endroit pour la position initiale et finale du point. C'est le décalage en cours qui permet au logiciel de connaitre la position absolue de l'appui. Cette façon de faire est aussi de nature à éviter la pose d'appui sur un sommet de parcelle qui s'avèrerait discordant avec son voisinage immédiat. La qualité de l'adaptation n'en sera que meilleure.

N'hésitez pas à lancer des calculs fréquents pour voir les résultats, car, encore une fois, ce ne sont que les écarts visuels du plan avec le terrain qui sont à considérer, à l'exclusion de toute interprétation abusive des EMQ.

Faites évidement des calculs conformes, mais, par curiosité, appuyez une fois sur « calcul définitif adaptatif ». Le risque est nul puisque ce sont des fichiers spéciaux qui sont créés à chaque fois. Comparez Avant/Après à l'aide des fonctions "Voir fichiers du bloc" et "Voir fichiers transformés"...
M'en parler...

Michel MARTIN